William ROPP - Photographies - 3 avril > 3 mai 2003
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C’était il y a longtemps, c’était au siècle dernier.

Regardant ces magnifiques images, je me sentis tout en même temps inquiet, irrité, touché et même quelque peu perturbé. Avec l’envie irrépressible de glaner quelques explications je regardais vainement aux alentours ; personne pour me guider. Je me demandais si ces images ne provenaient pas du siècle dernier (je veux parler du 19ième) ; impossible de les cataloguer. Aussi les étudiais-je encore et encore tentant d’y trouver une explication. Les regards figés se tournaient vers moi tout à la fois implorant et calme. Ils échauffaient mon esprit par les innombrables questions qu’ils suscitaient. Troublé je détournais les yeux sans pourtant pouvoir m’empêcher d’y revenir. Ces êtres m’observaient sans répit à travers leurs yeux clairs et brillants. Toutes ces questions restaient suspendues, immobiles dans une ambiance pesante. Je me sentais pris par surprise, mis à nu. Mon approche habituellement si directe en prenait un coup ; à nouveau je m’interrogeais : ces images provenaient-elles réellement d’un siècle révolu ? Ces gens avaient-ils jamais existé ? Etaient-elles chargées d’un message, d’une mission pour notre monde ?

Ces yeux ! Surtout les yeux des enfants, limpides, froids, omniscients. Les interrogations se succédaient sans réponse. Etait-ce de l’art ou ma raison avait-elle été abusée ? Une chose dont j’étais certain si ce n’était pas de l’art, je n’y aurais pas trouvé tant de profondeur.
Une telle multitude de questions !


Et soudain tout devint clair : l’art n’est pas là pour répondre à des interrogations mais bien pour en susciter. D’emblée me vint à l’esprit une comparaison avec le grand Balthus. Voyons, ces enfants sont apparemment adultes, vieux comme le monde et de plus ces images ne sont pas que des illusions, des chimères ou des fantômes ; c’est nous, notre enfance saisie dans chacune de ses photographies, tel l’arbre dans sa totalité contenue dans une simple graine. Tout s’y retrouve : passé et futur, mais par-dessus tout, notre présence, une présence emplie de doute et de foi disparue. Mais il y a aussi une croyance profonde en la bonté de l’homme, sa constance et en son incorruptibilité face à la fuite du temps.
Il y a surtout un message proclamant que nous, humains, sommes beaux et que la vie mérite d’être vécue.
Voilà ce dont je me souvenais.
Bien des années plus tard je rencontrais William.
En un clin d’œil je réalisais que l’artiste n’est pas toujours identifiable à son travail ; je me trouvais en face d’un homme normal heureux et bienveillant. Et pourtant cette même personne a le don de montrer et d’exprimer des pensées cachées jusqu’au tréfonds de nos âmes.
Ô mystérieux courant du subconscient. Ô France, magnifique pays qui a su donner tant de bonnes choses à ce monde. Et sans aucun doute, Monsieur William Ropp et son travail en font partie.

Jan Saudek

 

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