LA DESALPE 2.0.

Exposition du 5 juin au 3 juillet 2020

Après l’exposition au Musée Gruérien de Bulle lors de l’exposition «TraceHumance», nous avons le grand plaisir de présenter les nouvelles photographies de Jacques Pugin.

Un troupeau orné de fleurs traverse en rang un paysage de montagne. Cette scène évoque les « poyas », ces peintures naïves issues de l’art populaire fribourgeois, qui représentent le rituel printanier de la montée aux alpages. Mais au lieu de représenter la transhumance vers les hauteurs, symbole d’espérance, Jacques Pugin se concentre sur un autre temps fort, la désalpe, la fête folklorique qui accompagne le retour des bêtes dans les basses plaines.
Dans ces panoramas d’un genre nouveau, deux mondes se télescopent : des scènes paysannes, se superposent à des décors « irréels ». Constitués de pixels, ils sont fabriqués à partir de Google Earth, l’outil géographique et photographique de Google.

Sous un ciel noir dense, les déformations paysagères et leurs proportions incongrues rompent avec la perspective des représentations picturales et photographiques traditionnelles. Entre voitures aplaties et bâtisses écrasées, le cadre imposé par l’artiste crée le malaise et instaure un climat d’inquiétude : si les algorithmes Google sont conçus pour être parfaitement logiques, ils peuvent toutefois générer des résultats déroutants !

Ces images cristallisent la capacité des hommes à construire un système qui s’oppose à lui-même: Jacques Pugin s’interroge sur la place du modèle agricole traditionnel dans le monde d’aujourd’hui. En utilisant une nouvelle fois le jeu des contraires, il révèle les penchants d’une société en déséquilibre, entre tradition et progrès, entre ce qui reste et ce que l’on projette.

Audrey Hoareau